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 Identité africaine

Espace de réappropriation de l'histoire de l’Afrique ,de déconstruction des clichés ,de valorisation des grandes réalisations des grands hommes et de leurs temps.

Edito : Tuer sans craindre, tué sans subir la loi

JUSTICE DEBOUT

Les africains venus d’Afrique noire, sont-ils l’exutoire du rejet du ‘’noir au Maroc’’? Osons poser la question qui fâche. Car, dire vrai, c’est éclairer. Mais, d’emblée, qu’il soit entendu que cette question ne procède nullement de quelque volonté d’exagérer mais plutôt interpelle sur un problème récurant dans le royaume de Mohamed VI, un roi d’Afrique : la précarité de la condition des migrants subsahariens. Surtout lorsque la vie est l’enjeu et vivre ensemble pose problème.

Avant le discours historique du souverain marocain, qui ne rate jamais l’occasion d’affirmer son africanité, les ‘’africains’’ -comme on nomme ici les ressortissants des pays d’Afrique noire- vivaient dans un enfer indescriptible. Tracasseries et brimades policières, attaques et agressions dans les lieux d’habitation mais, aussi et surtout, crimes crapuleux étaient leur lot. Traîner dans la rue était parfois un acte suicidaire.

Pourtant, le Maroc, pays africain qui a des liens historiques séculiers avec la majorité des pays d’Afrique noire, surtout ceux de l’Afrique de l’Ouest musulmane, est une terre africaine où, en principe, tout ressortissant africain, quelque soit son pays, doit se sentir chez lui. Plus encore, à l’aune d’une ère nouvelle au Maroc, celle de l’intégration, le vivre ensemble doit être cultivé et doit servir de rampe pour le raffermissement des liens entre marocains -africains d’ici- et ceux venir d’ailleurs.

Depuis qu’il a donné ses Hautes orientations sur la question des migrants, surtout ceux venant du voisinage, le roi Mohamed VI ne cesse de rappeler que les ‘’africains’’ qui vivent au Maroc sont chez eux. Le processus de régularisation des milliers d’africains est donc venu pour marquer la volonté ferme du souverain chérifien de renforcer les liens qui unissent le peuple marocain à de nombreux peuples du continent.

Mais, malgré la vision claire et affirmée du souverain chérifien sur le traitement que mérite les africains chez eux au Maroc, l’ambiance semble vouloir se figer. Des crimes contre les ‘’africains’’ se suivent et se ressemblent. Les auteurs les commettent avec une audace qui ne peut être admise que dans un no man’s land. La cruauté est innommable ! Ils tuent sans crainte parce ne craignant aucune conséquence. Ils tuent parce qu’ils se croient permis.

En août 2013, en pleine campagne de la société civile pour la régularisation des migrants, Ismaila Fall est poignardé dans un bus par un militaire pour une simple dispute autour d’une place. En 2014, encore au mois d’août, Charles Ndour, un jeune sénégalais qui résidait à Tanger, est tué à coups de machette. Dans le premier cas comme dans le second, la justice a été muette. Personne ne se souvient de la condamnation des auteurs de ces crimes.

Que veut dire ce laissez-tuer ? Pourquoi l’impunité semble être la réponse donnée -à deux reprises?- à des crimes aussi gratuits ? Ces questions nous amènent à démontrer que l’impunité laisse la porte ouverte à la barbarie. Car, si les assassins des sénégalais Fall et Ndour avaient été condamnés comme il se doit, il est certain que la petite Hope serait encore en vie. Car la dissuasion aurait fait son effet.

La mort de la petite congolaise, deux ans seulement et innocente jusque dans la tombe, vient reposer la question de la justice et ses effets. Tuer sans crainte, comme nous le soulignons, est l’effet du sentiment qu’un meurtrier peut avoir lorsqu’il pense que nuire à une certaine catégorie de personne est sans conséquence.

Doit-on continuer sur cette voix ? C’est ici le lieu de rappeler à tous ceux qui ont en mains les leviers de la justice que toute vie est sacrée. Et contre la destruction d’une vie, la justice doit être intraitable. La justice doit sévir pour dissuader d’autres actes meurtriers. La justice marocaine est donc là devant un défi : celui de l’égalité devant la loi.

La mort de Hope, petite congolaise dont les parents ont fui leur pays en proie à l’instabilité politique et aux conflits armés, doit servir la cause de la justice. Les africains noirs ont peur et nombreux sont ceux qui se demandent si les actes criminels qui les visent prendront fin un jour.

Nous autres, nous demeurons convaincus que quand les autorités veulent, la justice peut. Car, il suffit seulement d’une volonté politique forte pour que les choses changent. Le gouvernement qui sortira des urnes à là une matière à action. Mais une action urgente !

 Frank Nama

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